ABSENCE DES FEMMES À LA PRÉSIDENTIELLE 2019 : un recul démocratique ?

par ibrahima dia
Plus de la moitié de la population sénégalaise est composée de femmes .Lors des deux dernières élections présidentielles, des Sénégalaises ont participé à la compétition .Malheureusement celle de 2019 n’a pas répondu aux attentes des femmes qui pensaient que cette option était irréversible . Beaucoup de facteurs ont engendré cette situation comme parmi lesquels ,le facteur du parrainage entre autres .
” Le chemin à parcourir pour les femmes sénégalaises est semé d’embûches ” soutiennent beaucoup d’observateurs de la scène politique sénégalaise .Ils estiment à l’unanimité que la nouvelle donne du parrainage n’a pas joué en faveur de la gent féminine.Les candidates ne se sont pas bien préparées en conséquence. C’est ce qui a conduit à les mettre hors de course.Malgré leur présence massive dans la vie politique et certains avantages tirés de la loi de la parité , elles n’ont pas réussi à tirer leur épingle du jeu .
Sur les 27 candidats dont les dossiers ont été retenus par le Conseil constitutionnel, seuls cinq (5) sont finalement passés, tous des hommes. Aïda Mbodj, Aïssata Tall Sall et Pr Amsatou Sow Sidibé n’ont pas pu franchir l’obstacle du parrainage. D’autres comme Nafissatou Wade avait déjà déclaré forfait en pleine collecte.
Pour la journaliste Yaye Astou Fall spécialiste des questions de genre : “L’absence de la candidature féminine présente plus de faiblesses que de forces. Pour la simple et bonne raison que cette absence est un frein à l’émancipation des femmes et à l’amélioration des conditions d’existence de cette catégorie sociale en général. Notre société est telle qu’elle n’est pas encore apte à soutenir une femme pour l’accession à la magistrature suprême. Même si elle se présente, elle récolte un très faible pourcentage. Ce qui traduit la perception que la société envers la femme. Les grandes instances de décision sont toujours contrôlées par les hommes. Au 21ème siècle, nous devons dépasser cette perception de placer la femme toujours en arrière plan”. Et ajoute=t-elle : l’impact de cette absence de candidates dans la prise en compte du genre, est que les droits des femmes ne seront pas pris en compte, même si on nous parle de parité. Il y a beaucoup de choses dont les femmes ont besoin qui sont en attente. Parce que si les femmes pouvaient accéder à la magistrature suprême les questions liées au genre seraient prises en compte correctement” relève la dame qui enchaîne : ” .Tant que nous n’aurons pas de leadership féminin avéré appuyé par des femmes, nous serons à la traîne. Parce que le véritable problème, c’est que les femmes elles-même ne sont pas solidaires. Ce manque de solidarité profite aux hommes qui l’utilisent pour nous faire croire que notre rôle c’est de les hisser plus haut. Et pendant ce temps, rien ne change pour la femme surtout pour celle qui vit en milieu rural”, conclut-elle. .
Cette absence des femmes qui ont été toutes éliminées dés la phase du parrainage pour la présidentielle du 24 février, a poussé plus d’un à se poser la question de savoir si le Sénégal est prêt à avoir une femme à la tête de la magistrature suprême.
Si pour beaucoup la réponse est par l’affirmative, pour l’Envoyée spéciale de la présidente de la commission de l’Union africaine pour les femmes, la paix et la sécurité, Binta Diop “ la société sénégalaise est bien prête à avoir une femme à la tête du pays”.Selon elle, on espérait avoir au moins une femme dans la course et la remporter car le Sénégal regorge de femmes compétentes qui se font distinguer dans tous les secteurs d’activité du pays
Pour éviter une pareille déconvenue , les analystes conseillent pour les prochaines élections que les leaders féminins se prennent à temps et s’organisent avec suffisamment des moyens financiers et humains. Car devant une ” force organisée (les hommes ) il faudra opposer une force organisée ” comme disait Lenine