INSALUBRITE A DAKAR Les populations donnent le remède au PrésidenT

PAR NDEYE KHADY MBAYE
« Dakar, une ville propre », telle est la volonté affichée par le président Macky Sall qui s’exprimait lors de sa prestation de serment. En phase avec le président, des citadins que nous avons rencontrés ont proposé des réponses face à ce mal galopant.
Les embouteillages et la saleté campent un triste décor dans la capitale sénégalaise. C’est un triste constat largement partagé quand on parcourt les artères de Dakar. Oui, le président de la République Macky Sall a fort raison de clamer son ambition de l’assainir. Mais en quoi faisant ? Telle est la question qui se pose face à des citadins familiarisés à ce décor frustrant, mais aussi à l’incivisme.
« Dakar, une cité propre où règne l’ordre et la discipline peut paraitre de l’utopie, mais c’est un programme stratégique avec de grands axes de développement », nous dit Gora Niang. De l’avis de ce sexagénaire mettre fin à l’occupation anarchique sera la première des mesures à prendre. Dans ce registre il faudra assainir les marchés, les parterres les ruelles et les échangeurs où les commerçants étalent partout leurs marchandises.
Pour ce sénégalais des années 60, infliger des amendes peut-être parmi des mesures lourdes que le Président doit prendre.
Pour être plus clair, il enchaine, « le Président doit sanctionner, faire des amendes ou mieux emprisonner parce que les Sénégalais sont tenaces et hypocrites ».
Nous sommes à Grand-Yoff, prés de l’échangeur de la Patte d’Oie. Dans ce quartier populaire où les occupations anarchiques assombrissent le décor, l’on hésite à poser la question.
Cette mesure, Mamadou Samb, un homme mûr, la cinquantaine, s’en éloigne. Car pour lui, « désengorger Dakar est une chose mais sanctionner les populations en est une autre ».
A ses yeux, le Président doit remettre à niveau les chartes qui régissent l’hygiène. Ces dernières permettront de faire travailler les services d’hygiènes, mais d’un autre côté travailler en étroite collaboration avec les concessionnaires de nettoiement. « Dans ce sens, le projet jouera un rôle essentiel auprès de la population et des collectivités territoriales. Ce n’est pas de l’utopie c’est bel et bien réalisable » finit-il par lâcher.
Une position que partage Soukeyna Diop, habitante aux Parcelles Assainies Unité 22. Taille élancée, pagne bien noué avec ses formes généreuses, la jeune dame suggère elle aussi la mise en place des comités de nettoiement matin et nuit avec le déploiement des jeunes garçons et filles, avec une opportunité d’emploi offerte.
Cette intervention selon elle vise peut à régler deux problématiques à la fois. De l’une, le chômage des jeunes et de l’autre l’occupation anarchique.
« C’est parce que les jeunes ne savent pas quoi faire qu’ils étalent leur marchandises pêle-mêle dans les rues », nous dit Amssatou Diop, une cousine à Soukeyna.
En prenant la balle au rebond, elle suggère aux autorités de localiser les marchands ambulants dans un cadre accessible. Dans cette perspective dit-elle « l’espace public sera rayonnant avec les jardins bien fleuris dans les quartiers ».
Nous sommes au centre-ville, où la salubrité n’est pas seulement pointée du doigt. Le laxisme coupable, voire la complicité fait paraitre légale l’occupation de l’espace publique. L’avenue Jean Jaurès est occupée de part et d’autres par des commerçants. Alors qu’on est à quelques pas du Palais présidentiel.
Trouvé devant un arrêt des bus, Massiga Touré, cartable à la main, estime que les autorités doivent prendre des mesures allant dans le sens de faire respecter scrupuleusement les normes de salubrité.
« Ce n’est pas suffisant » martèle Gora Niang, un autre passager qui attend son bus. Car selon lui, L’Etat doit améliorer les conditions de travail des services de nettoiements. Dans ce sens, un recrutement massif doit être fait. Il s’agit pour ce diplômé de l’école nationale d’administration de recruter des jeunes à l’échelle locale. Autre chose, soutient M Niang, il faut mettre à jour un nouveau cadre de gouvernance sur le nettoiement. Ce projet résulte de la mise en place d’un dispositif de veille et de suivi des déchets dans les villes et les marchés. Ce, à travers des actions de sensibilisation et d’accompagnement des communes et des localités. Ainsi, les autorités peuvent régler la problématique de l’insalubrité à Dakar et même dans les régions. Parce que, fait-il remarquer, ce n’est pas seulement la capitale.
Ousmane Badji, l’air très discipliné avec son pantalon ample et sa chemise bien boutonnée, ce sexagénaire pense que le service d’hygiène doit revenir en force. Autrefois dit-il ces services faisaient le tour des quartiers et des maisons. « Ils infligeaient une pénalité à ceux ou celles qui laissaient ses lieux malsains » laisse-t-il-entendre sur un air de regret.